Il y a déjà une collègue qui m’a
dit : Pour la déprime de Janvier, tu n’as qu’à t’acheter une boîte de Centrum
et une paire de chaussure. Ça va te replacer! »
Janvier est lourd. Janvier c’est
plate. Janvier c’est taupe comme la couleur sur mes ongles…
L’énergie a chuté aux environs du
3, faisant des allers-retours de mon lit à mon divan et de mon divan à mon lit.
J’ai fait le tour de toutes les plateformes pour écouter des séries pis je me
suis remise à boire du vin. Du bon vin. Ben du vin.
Janvier est long. Janvier c’est
le couvre-feu. Janvier c’est froid.
Jean-Bitch est disparu comme il
est arrivé. Un drôle de type. Honnêtement c’est mieux comme ça. Je ne voyais
pas cette « relation » bien bien loin. Pis maintenant, j’ai compris que de ce faire des attentes donnent seulement des déceptions. J’ai
eu mon lot. Alors je vais passer mon tour là-dessus. J’aurais quand même aimé
ça avoir une personne pour me coller dans mon lit nuage les jours où il fait
froid. Dormir enlacer pour me réchauffer le cœur.
Janvier est glacial. Janvier
c’est le commencement de l’année. Janvier c’est de la merde.
Je ne sens rien. Je ne sens
littéralement rien. Pis quand je parle de sentir, ce n’est pas la bonne odeur
d’un mijoté d’hiver, mais c’est le feu que l’on ressent en dedans, les
papillonnements, les malaises, bref, les émotions. Je suis figée. Je suis figée
dans le neutre. Perdue, en se demandant, qu’est-ce qui se passe après?
J’ai terminé l’année en brochette
entre mon meilleur ami et sa blonde. Parce qu’en plus de ne rien sentir, je
suis welling en crisse. Je ne sais même pas comment tout ça a débuté. J’ai même pas une petite dose de regret. J’étais là, on était là pis c’est
comme ça. La brochette du début d’année. Des frenchs, de la nudité pis toute pis
toute. Pendant un moment, je me suis senti enrobée. Je n’étais pas seule.
Janvier est triste. Janvier c’est
l’isolement. Janvier c’est long des petits boutes.
Alors, je me jette dans les bras
de l’un et de l’autre pour trouver une certaine forme de réconfort et créer une
émotion. J’ai revu Jean Bitch. Il ne voulait pas que l’on parle. Ce fut bref.
Le chat s’est collé et voulait se faire flatter. Je me trouve conne.
Fait que je vais boire du vin. Du bon vin. Ben du vin. Pour me faire oublier
que je me trouve conne.
Ce n’est pas vrai que je ne sens
rien. Je ne sens seulement pas les feelings qui me font du bien. Le feu
qui bouille en dedans, des papillonnements, l’excitation, pis toutes, pi
toutes. Ces émotions-là. Cependant, j’ai la rage. J’ai la rage en dedans. Je
me fais violence.
Tsé, quand te réveiller c’est
devenu le projet d’une vie.
Tsé, cette douleur dans le chest
qui ne veut pas partir. Ce manque, ce vide…
Janvier ne fini plus. Janvier c’est
douloureux. Janvier c’est une maladie.
C’est fou pareil. J’ai arrêté de
voir des cœurs. Comme si, tout à coup, j’avais cessé de m’aimer en chemin. Je
voudrais que l’on m’efface. Je suis tombée malade de mélancolie et j’ai attrapé
tous ses symptômes.
J’ai de la peine. Je fais de la
peine. J’ai de la colère et je la jette sur les autres. Je t’aime et je te haïs.
Je suis en train de foncer dans un mur à cent mille à l’heure et l’impact va
être immense. Mon seul désir être « wested » dans mon lit nuage à
boire de la bière comme les ados, manger de la pizza à moitié cuite et faire de
la boucane.
C’est pas de ma faute. C’est que
je veux vivre avec les livres qui racontent des histoires incroyables. Qui te
font vivre leur magie et te donne envie de rêver. Qui te permet de voyager dans
une autre réalité que la tienne…
Malgré l’ombre qui me ronge en
dedans depuis un moment. Jai le gout de vivre plus que jamais les papillonnements,
l’excitation. Tsé, les ressentis qui font vibrer et qui te rappellent que tu es
vivant et pas mort en dedans.
Janvier c’est noir. Janvier c’est
interminable. Janvier c’est le mal à dit.
Maintenant, quand ça fait trop
mal en dedans, je fais de l’amnésie alcoolique. Je me réveille en sursaut pis
je suis dans mon lit. Entre le moment x et mon réveil brutal. Rien. Que du noir
pis un arrière-goût de mauvais rêve[1].
Ça m’arrive trop souvent de ce temps-là.
Pis des fois, avec l’oubli vient
la violence qui se bat dans mon être. Une rage, jusqu’ici peu connu, accompagné
de symptômes psychosomatiques. Sensation de brulure intense dans le dos, réactions
aux yeux, eczéma au visage ou difficulté à marcher. Ça frôle l’hystérie mon affaire. Faudrait bien
que Freud m’explique.
Janvier tire à sa fin. Janvier
c’est la suite logique des choses. Janvier c’est la fin d’un monde.
Il y a déjà une collègue qui m’a
dit : Pour la déprime de Janvier, tu n’as qu’à t’acheter une boîte de Centrum
et une paire de chaussure. Ça va te replacer! » Fait que je me suis achetée
des vitamines pis un nouveau vibrateur et pour l’instant, rien n’a changé.
Je me suis encore réveillée en
sursaut dans mon lit. Cette fois-ci, je suis nue. J’ai encore fait de l’amnésie
alcoolique. Entre le moment x et mon réveil brusque. Rien. Mais cette fois-ci,
il y a un peu de lumière pis ça sens bon. Un doux parfum qui vole dans la pièce.
J’imagine une tignasse blonde et épaisse pis j’ai envie de me plonger le visage
dedans et humer ce délicieux parfum. Ça semble réconfortant et je n’ai aucun arrière-goût
de mauvais rêve.
J’ai encore fait de l’amnésie
alcoolique ou je suis seulement en train de rêver. Je reprends peu à peu mes
esprits et conscience de ce qui s’est passé. De retour à la réalité, je m’aperçois que je ne suis pas seule. Je suis dans mon lit nuage avec la fille qui n’a pas
de nom. Je me sens bien et je peux maintenant me rendormir
tranquillement. Janvier venait de se terminer.