lundi 28 février 2022

Janvier

 

Il y a déjà une collègue qui m’a dit : Pour la déprime de Janvier, tu n’as qu’à t’acheter une boîte de Centrum et une paire de chaussure. Ça va te replacer! »

Janvier est lourd. Janvier c’est plate. Janvier c’est taupe comme la couleur sur mes ongles…

L’énergie a chuté aux environs du 3, faisant des allers-retours de mon lit à mon divan et de mon divan à mon lit. J’ai fait le tour de toutes les plateformes pour écouter des séries pis je me suis remise à boire du vin. Du bon vin. Ben du vin.

Janvier est long. Janvier c’est le couvre-feu. Janvier c’est froid.

Jean-Bitch est disparu comme il est arrivé. Un drôle de type. Honnêtement c’est mieux comme ça. Je ne voyais pas cette « relation » bien bien loin. Pis maintenant, j’ai compris que de ce faire des attentes donnent seulement des déceptions. J’ai eu mon lot. Alors je vais passer mon tour là-dessus. J’aurais quand même aimé ça avoir une personne pour me coller dans mon lit nuage les jours où il fait froid. Dormir enlacer pour me réchauffer le cœur.

Janvier est glacial. Janvier c’est le commencement de l’année. Janvier c’est de la merde.

Je ne sens rien. Je ne sens littéralement rien. Pis quand je parle de sentir, ce n’est pas la bonne odeur d’un mijoté d’hiver, mais c’est le feu que l’on ressent en dedans, les papillonnements, les malaises, bref, les émotions. Je suis figée. Je suis figée dans le neutre. Perdue, en se demandant, qu’est-ce qui se passe après?

J’ai terminé l’année en brochette entre mon meilleur ami et sa blonde. Parce qu’en plus de ne rien sentir, je suis welling en crisse. Je ne sais même pas comment tout ça a débuté. J’ai même pas une petite dose de regret. J’étais là, on était là pis c’est comme ça. La brochette du début d’année. Des frenchs, de la nudité pis toute pis toute. Pendant un moment, je me suis senti enrobée. Je n’étais pas seule.

Janvier est triste. Janvier c’est l’isolement. Janvier c’est long des petits boutes.

Alors, je me jette dans les bras de l’un et de l’autre pour trouver une certaine forme de réconfort et créer une émotion. J’ai revu Jean Bitch. Il ne voulait pas que l’on parle. Ce fut bref. Le chat s’est collé et voulait se faire flatter. Je me trouve conne. Fait que je vais boire du vin. Du bon vin. Ben du vin. Pour me faire oublier que je me trouve conne.

Ce n’est pas vrai que je ne sens rien. Je ne sens seulement pas les feelings qui me font du bien. Le feu qui bouille en dedans, des papillonnements, l’excitation, pis toutes, pi toutes. C’est émotions-là. Cependant, j’ai la rage. J’ai la rage en dedans. Je me fais violence.

Tsé, quand te réveiller c’est devenu le projet d’une vie.

Tsé, cette douleur dans le chest qui ne veut pas partir. Ce manque, ce vide…

Janvier ne fini plus. Janvier c’est douloureux. Janvier c’est une maladie.

C’est fou pareil. J’ai arrêté de voir des cœurs. Comme si, tout à coup, j’avais cessé de m’aimer en chemin. Je voudrais que l’on m’efface. Je suis tombé malade de mélancolie et j’ai attrapé tous ses symptômes.

J’ai de la peine. Je fais de la peine. J’ai de la colère et je la jette sur les autres. Je t’aime et je te haïs. Je suis en train de foncer dans un mur à cent mille à l’heure et l’impact va être immense. Mon seul désir être « wested » dans mon lit nuage à boire de la bière comme les ados, manger de la pizza à moitié cuite et faire de la boucane.

C’est pas de ma faute. C’est que je veux vivre avec les livres qui racontent des histoires incroyables. Qui te font vivre leur magie et te donne envie de rêver. Qui te permet de voyager dans une autre réalité que la tienne…

Malgré l’ombre qui me ronge en dedans depuis un moment. Jai le gout de vivre plus que jamais les papillonnements, l’excitation. Tsé, les ressentis qui font vibrer et qui te rappellent que tu es vivant et pas mort en dedans.

Janvier c’est noir. Janvier c’est interminable. Janvier c’est le mal à dit.

Maintenant, quand ça fait trop mal en dedans, je fais de l’amnésie alcoolique. Je me réveille en sursaut pis je suis dans mon lit. Entre le moment x et mon réveil brutal. Rien. Que du noir pis un arrière-goût de mauvais rêve[1]. Ça m’arrive trop souvent de ce temps-là.

Pis des fois, avec l’oubli vient la violence qui se bat dans mon être. Une rage, jusqu’ici peu connu, accompagné de symptômes psychosomatiques. Sensation de brulure intense dans le dos, réactions aux yeux, eczéma au visage ou difficulté à marcher.  Ça frôle l’hystérie mon affaire. Faudrait bien que Freud m’explique.

Janvier tire à sa fin. Janvier c’est la suite logique des choses. Janvier c’est la fin d’un monde.

Il y a déjà une collègue qui m’a dit : Pour la déprime de Janvier, tu n’as qu’à t’acheter une boîte de Centrum et une paire de chaussure. Ça va te replacer! » Fait que je me suis achetée des vitamines pis un nouveau vibrateur et pour l’instant, rien n’a changé.

Je me suis encore réveillée en sursaut dans mon lit. Cette fois-ci, je suis nue. J’ai encore fait de l’amnésie alcoolique. Entre le moment x et mon réveil brusque. Rien. Mais cette fois-ci, il y a un peu de lumière pis ça sens bon. Un doux parfum qui vole dans la pièce. J’imagine une tignasse blonde et épaisse pis j’ai envie de me plonger le visage dedans et humer ce délicieux parfum. Ça semble réconfortant et je n’ai aucun arrière-goût de mauvais rêve.

J’ai encore fait de l’amnésie alcoolique ou je suis seulement en train de rêver. Je reprends peu à peu mes esprits et conscience de ce qui s’est passé. De retour à la réalité, je m’aperçois que je ne suis pas seule. Je suis  dans mon lit nuage avec la fille qui n’a pas de nom. Je me sens bien et je peux maintenant me rendormir tranquillement. Janvier venait de se terminer.



[1] L’image fantôme p.57



dimanche 13 février 2022

Voici la folle.

                                     

J’ai un souvenir qui revient continuellement de ce temps-là.

Je suis à mon chalet et je fume une cigarette. Je suis avec mon chum et son ami. Je voulais faire plaisir à mon amoureux pour son anniversaire. Son seul souhait, c’était de la tarte au citron et que j’aille chercher son ami. C’était simple et réalisable. 

Quand même...

Son ami l’avait eu pas mal « rought » au cours des derniers mois : un accident très grave suivi d'un manque de motricité. Il est devenu paraplégique à la suite de cette mésaventure. Ensuite, pour couronner le tout, il s'est séparé.

Mon chum a changé depuis... 

En fait, il n’était plus le même depuis la mort d’un de nos amis en 2017 et était complètement déconnecté depuis que les jambes de son ami ne fonctionnaient plus. Comme je le ressentais depuis un certain temps et que nous vivions, nous aussi, une période difficile, je voulais réellement lui faire plaisir.

Son ami et sa tarte au citron il aura.

De mon côté, j’avais le petit bonheur de fête de mon chum à gérer et aussi d’aller chercher son ami, l’introduire et le sortir de ma voiture, le rentrer dans le chalet et ce, sans le faire sentir comme un vulgaire handicapé. Ça m’angoissait. Sa situation me touchait. Mon empathie, ma sympathie et ma compassion ne pouvaient pas prendre de vacances à ce moment-là. Je l’aimais, lui. Pis mon chum, je le voyais encore dans ma soupe après dix ans.

C’est revenu depuis que j’ai changé de thérapeute. Je pense que c’est normal. Il a fallu que je remonte en 2019 dans mes histoires et mes souvenirs. 

Ça m’a ébranlée...

L’image, les sons, les paroles me reviennent lorsqu’il serait intelligent que Morphée me prenne dans ses bras et me berce.

Je suis à mon chalet et je fume une cigarette. Je suis avec mon chum et son ami. Nous avions eu une belle soirée dans la préparation des festivités et dans l’attente du retour de mon chum de son nouveau travail. Belles conversations. J’étais curieuse de connaître la nouvelle réalité de notre ami. Son moral, la réappropriation de son corps, sa sexualité, bref, sa nouvelle vie. Il n’y a pas de tabou avec moi et c’est toujours facile de pouvoir se confier. Je voulais être une oreille sans jugement, simplement dans l’accompagnement.

À l’arriver de mon chum, ma soirée fantasmée dans le rire et le plaisir a viré au cauchemar. J’en « shake » en écrivant ses quelques lignes aux vertus libératrices.

Son visage. Je me rappellerai toujours son visage. Le regard qu’il a posé sur moi, entre le dégout, la joie et l’incompréhension. Il avait l’air tellement mêlé. J’aurai pu ne pas être là que ça n'aurait rien changé.

L’attitude de son ami c’est modifié aussi. Je ne sais pas si c’est à cause de l’alcool et des quelques pétards que nous avions fumés ? J’étais maintenant en présence de deux gamins. Deux ados avec un QI moins zéro.

J’ai des « flash » depuis que j’ai changé de thérapeute. Je pense que c’est normal, il a fallu que je remonte en 2019 et creusé dans mes histoires et mes souvenirs que je voulais enterrer. Ça m’a bousculée.

Je suis à mon chalet et je fume une cigarette. Je suis avec mon chum et son ami. Je ne sais pas pourquoi la conversation s’est orientée ainsi. Elle m’a fait mal comme une claque au visage reçue par surprise. Il faut dire que nous traversions une période difficile : le cancer de mon père, le foutu covid qu’il fallait apprivoiser, les hormones que je prenais et les problèmes d’intimités que nous avions. Ça faisait trois ans que nous essayions d’avoir un enfant et mon chum ne me désirait plus depuis quelques semaines. Depuis que son visage avait réellement changé. Depuis que son regard était différent. Ça, ça fait mal encore quand j’y repense.

Son ami me lance en pleine face: «  Les filles sont toutes des crisses de folles!!!! »

Ben voyons donc! Quelle violence j’ai ressenti dans ses mots. Quelle violence j’ai ressenti dans ses maux.

Je pense que je n’ai jamais explosé comme ça. Me faire traiter de crisse de folle sous mon propre toit. Folle de vouloir simplement faire plaisir à mon chum, folle d’être allée chercher l’ami, folle de ne pas vouloir le faire sentir comme un handicapé, folle de l’avoir écouté et d’être touchée pas sa situation, folle de vouloir faire plaisir à mon chum, folle !?!

J’ai regardé l'homme de ma vie pour qu’il dise quelques choses. Je cherchais un regard approbateur, un support. Un appui que je cherchais depuis un an, d’ailleurs.

Rien…

Rien. Toujours le même regard. Son visage. Je me rappellerai toujours son visage. Le regard qu’il a posé sur moi, entre le dégout, la joie et l’incompréhension. Il avait l’air tellement mêlé. J’aurai pu ne pas être là que ça n’aurait rien changé. Je suis rentrée en coup de vent à deux reprises pour respirer. Claquer la porte pis toute. Je n’avais pas envie d’être fâchée. Je n’aime pas la chicane, mais j’avais la rage, la rage en dedans.

Respirer m’a fait du bien. Je me suis même excusée. Excusée de quoi ? D’approuver le fait que nous sommes tous des crisses de folles ? Que j'en suis une ? Le sujet revenait toujours là-dessus. Je commençais à sentir une violence à l’intérieur qui montait. Puis finalement, j’ai laissé les gamins entre eux et je suis allée me coucher.

J’ai cette image dans la tête depuis que j’ai changé de thérapeute. Je pense que c’est normal, il a fallu que je remonte en 2019 et parler de mes histoires, de mes souvenirs, des sentiments et des émotions qui viennent avec. Ça m'a bouleversée.

J’ai le cœur qui bat la chamade en composant ses quelques lignes...

Mon chum est venu me rejoindre en laissant son ami à l’étage. Il voulait faire l’amour. Il voulait ça  dans le noir total. Je ne le voyais même pas. En fait, je crois qu’il ne voulait pas me voir. Même dans le noir, je n’arrivais plus à être un élément de désir. J’écris ces quelques lignes et j’ai des spasmes dans mon ventre. Je ressens encore comment, je me trouvais laide, dégoutante, sans intérêt. La honte de penser que tout ça c’était ma faute. Mais surtout, la foutu incompréhension.

Depuis, je n’ai plus jamais dormi dans l’obscurité totale, car ceci agit sur moi comme un souvenir écran.

J’ai un souvenir qui revient continuellement de ce temps-là et qui m’empêche de trouver le sommeil, car je ne veux pas être dans le noir.

Je suis à mon chalet. Il fait soleil et c’est l’heure du déjeuner. Je monte les escaliers à reculons. Mon chum et son ami sont réveillés depuis un bon moment. Ils prennent une bière. Son visage. Je me rappellerai toujours son visage. Le regard qu’il a posé sur moi, entre le dégout, la joie et l’incompréhension. Il avait l’air tellement mêlé. J’aurais pu ne pas être là que ça n’aurait rien changé.

Je n’ai même pas pris une gorgée de café et au petit matin, je suis partie. J’allais leur montrer que je n'étais pas folle.

J’écris ses lignes et j'en « shake » encore. Je n'ai jamais été autant en crisse. Non, je ne me considère pas folle, mais j’ai été folle d’accepter des mots aussi violents et de me faire encore violence avec se souvenir aujourd’hui. Folle d’avoir subi du dégout, de la honte et de l’avoir ressenti pour moi-même. Folle qu’après, j’ai oublié rapidement. Folle d’avoir pardonné de pareilles insultes. Folle de t’avoir aimé autant.

C’est revenu depuis que j’ai changé de thérapeute. Je pense que c’est normal, il a fallu que je remonte en 2019 dans mes histoires et mes souvenirs. Ça m’a ébranlée.

 

lundi 31 janvier 2022

S’il y a une chose que j’ai comprise en 2021

 


C’est de ne pas s’emballer trop vite. Ça sert à rien...

Nouvellement sur les réseaux de rencontre, j’avais besoin de matériel pour ma recherche. Aussi, parce que je m’emmerdais en crisse. Allons voir s’il y a du nouveau stock. Allons voir si je ne peux pas retrouver mon inspiration.

J’avais eu mon lot de gars trop confortable pas disponible, d’amour polytruc, de dude trop intense qui ne comprenne pas le message et d’ancien, ancien ex qui te rappelle pour s’excuser, de passé réglé, de passé non-réglé, de couple ouvert, de juste pour un soir, des tonnes d’émojis pour sauver des caractères et pour couronner le tout, des photos de chest où on y voit même pas la tête. Bien sûr, je passe les demandes de soumission et la succession de matchs sans aucune conversation.

Est-ce si compliqué de rencontrer en crise sanitaire avec ou sans enfants ?

Peut-être que je ne connais plus les codes ? Ou bien peut-être que c’est moi qui envoie mal mes intentions ?

S’il y a une chose que j’ai comprise en 2021, c’est de ne pas s’emballer trop vite. Ça sert à rien.

Même s’il a de la répartie, qu’il démontre beaucoup d’intérêt, le ghost n’est jamais bien loin. Même si tu réussis à développer quelque chose de stable, bien établie qui ressemble à une relation « normale » dans la franchise et la transparence, « pouf! » disparu dans la brume. Il y a probablement juste moi qui trouvais ça simple et agréable. Possiblement le fruit de mon imagination ?

Pis des fois, c’est aussi juste une histoire de deux minutes et quart. C’est rendu un fléau. Pi des fois, ce sont des discussions de fifilles qui finissent toujours de la même façon.

Je lui écris ? J’attends que ce soit lui ? 

Il ne m’a pas encore répondu. Je pense que tu devrais l’effacer…

Pourquoi est-ce si compliqué?

Crisse, on est des êtres humains dotés de parole. Il me semble que nous avons encore la capacité de parler…

Franchement, ça va m’inspirer un roman à succès.

Depuis mon retour sur les sites de rencontre, je retrouve peu à peu l’inspiration. Il me manquait du croustillant à raconter. Ma vie était bien trop tranquille. Pis des fois, je m’en veux d’être encore fleur bleue et de penser que tout ça c’est encore possible.

Fait que, je me suis permise de frencher avant la fin de l’année. Je m’étais pourtant promise de de ne pas retourner sur les réseaux de rencontre avant 2022. Au diable les principes, ma vie est plate et je m’emmerde solide.

J’ai fait la rencontre de Jean Bitch. Grand, cute, drôle, bon sens de la répartie…  Par contre, j’ai vite compris qu’il était préférable de m’envoyer des messages vocaux parce qu’il écrit comme un enfant de deux ans. Je l’ai excusé dans ma tête en me disant qu’il ne prenait probablement pas la peine de se relire ou qu’il est parfaitement bilingue et qu’il mélange les deux langues à l’écrit.

Certainement, avec les mesures de fins d’années les options pour une première rencontre furent bien limitées. Je l’ai donc invité à venir prendre un verre chez moi.

Fuck, il est pas mal plus beau en vrai et les deux trois verres de vin rouge ont dit à mon inhibition d’aller prendre une marche.

-          Hey! tu te ressembles pas en photo.

J’ai quand même eu le tact de lui dire que c’était un compliment, mais Jean Bitch, lui, se trouvait beau sur ses photos. Premier, failed pour moi, j’pense.

Après une bière, de règle générale, on oublie vite. Alors, je lui ai servi un verre. Des fois, je me trouve réellement intelligente.

La soirée se déroulait bien, la conversation était fluide et son petit accent commençait de plus en plus à me faire craquer. J’ai surtout adoré sa délicatesse, toujours à me questionner si je n’étais pas trop gênée, si j’étais correcte. Il m’a même demandé s’il pouvait se prendre une autre bière qu’il avait lui-même apporté.

-          Pourquoi tu me demandes ça ?

Il voulait simplement s’assurer que j’étais à l’aise. Inquiète toi pas Jean Bitch, si tu m’avais gossé, je t’aurais montré la porte. Son petit côté insécure, je trouvais ça super charmant.

Une belle petite soirée : pas de blanc, fluide, sympathique et un peu trop de vin rouge. Il s’est approché comme un chat, tranquillement, et il m’a embrassé. C’était bon…

Il était fier et confiant, c’était succulent. J’avais oublié ce que pouvait être le plaisir de la chair.

S’il y a une chose que j’ai comprise en 2021, c’est de ne pas s’emballer trop vite. Ça sert à rien...

Jean Bitch ou monsieur deux secondes et quart, car c’est le temps qu’il aura été dans mon année 2021, n’aura été qu’un beau "wrap up". Une façon de dire qu’il aura effacé toutes mes petites histoires de l’année. Bye bye patient en rut, bye bye lui et bye bye sexy professeur. Maintenant, c’est moi qui ghost.

mardi 18 janvier 2022

Dans quelques jours, l’année sera terminée…

Dans quelques jours, l’année sera terminée… Pis des fois, je pense que je suis bipolaire.

J’ai vécu à fond ma sobriété et maintenant, c’est le temps des festivités. Mon seul désir, terminer cette année, m’amuser, oublier, pis enfin me dire que j’ai passé à travers la feuille de papier.

J’ai le syndrome de la page blanche depuis quelques semaines. J’ai du mal à mettre en ordre les mots dans ma tête. C’est devenu une succession d’images, d'odeurs et de sentiments. De beaux souvenirs, mais aussi des souvenirs qui font mal. Mon coeur qui veut être léger et mon cœur qui veut se protéger.

J’ai beaucoup perdu dans les derniers mois. J’ai beaucoup souffert aussi. J’ai surtout tellement gagné. Mon sentiment de gratitude est tellement fort, ma résilience l’est encore plus. Pis il y a cette foutue pandémie qui me rappelle que je suis une fucking résiliente maganée.

Je me répète souvent qu’il n’y a rien de pire qui pourrait m’arriver…

À part la perte de mon père.

Dans quelques jours, l’année sera terminée et tout ça sera derrière moi... Pi des fois, je pense que je suis bipolaire.

À pareille date l’année dernière, je commençais tranquillement ma descente aux enfers. Une chute qui fut abrupte. J’ai même voulu mourir. La souffrance et la peine étaient beaucoup trop intense. Je ne pensais pas qu’il était possible d'avoir aussi mal. Ma vie n’avait plus aucun sens. En fait, la vie que j’avais venait de se terminer brusquement.

Pis, j’ai caché les couteaux de la cuisine. J’ai eu peur de ce que j’étais capable de me faire… 

Même si j’étais couchée par terre, la face sur la céramique de la cuisine, en dedans, ça bouillonnait. J’avais encore la capacité de me relever, pousser par cette force surnaturelle. C'est un peu pour ça que je pense que je suis bipolaire.

Pis je l’ai fait. C’est arrivé assez rapidement. Je me demande parfois comment, mais je l’ai fait. Je suis encore debout aujourd’hui. 

J’ai enfermé ma peine dans une petite prison à l’intérieur de ma cage thoracique. Un endroit où elle ne pourrait pas revenir. À l’occasion, je vais encore la visiter pour y ajouter un pansement dessus. Le temps a fait son œuvre et j’ai commencé à guérir.

Mes deux mois de sobriété m’ont fait le plus grand bien. J’ai finalement vu clair. Mes idées étaient davantage organisées. Je me sentais revivre. Je sentais les étincelles. J’étais revenue à moi-même avec mes papillons dans le ventre pour rien, ma succession de 11:11 pis mes coeurs partout, partout. Ou était-ce seulement mon pic de bipolarité?

Dans quelques jours, l’année sera terminée et ça commençait à bien aller.

Je l’ai reçu comme une claque en pleine face. Il avait refait sa vie rapidement comme si je n’avais jamais existé, comme s’il ne m’avait pas émietté le coeur. Comme si… de rien était, comme s’il n’avait rien fait de mal. Comme si…

Je suis tombée dans la noirceur de novembre. Seule…

Ce n’était ni de la douleur ni de la tristesse. C’était quelque chose, mais ce n’était rien. Je pense que c’était bipolaire.

Ma résilience a décidé de prendre une pause et d’être en crisse. Puis, elle est devenue bff avec l’orgueil. Un match malsain.  

Heureusement, je n’ai pas succombé à l’alcool.

J’avais juste une envie, d’être en crisse. Fâchée qu’il s’en sorte bien et que ce soit encore moi qui sois en train de recoller les morceaux cassés, en mode reconstruction. Fâchée que ça finisse bien pour lui et que ce soit encore moi qui vive des montagnes russes.

Pourtant, je n’envie pas du tout cette fille. Je pense que je suis bipolaire.

Dans quelques jours, l’année sera terminée et ce fera un an.

J’ai le syndrome de la page blanche depuis quelques semaines. J’ai du mal à mettre en ordre les mots dans ma tête. Je n’ai surtout rien à raconter. Je travaille comme une défoncée. Je ne « date » même pas. Je n’ai plus de « back up » de chaleur humaine, je les ai tous ghoster. En prime, je suis épuisée de toujours radoter les mêmes histoires. Alors, à la question « pis quoi de neuf » je lance rapidement « ben tranquille ».

Après le dernier épisode de mon père, je me suis enfermée dans la petite prison à l’intérieur de ma cage thoracique avec ma peine. Il faisait noir. J’ai collé un autre pansement. Puis, j’ai décidé d’ouvrir la lumière. J’ai regardé ma peine. Je l’ai serré dans mes bras. Je l’ai accueilli. Cette fois, le coup était moins dure.

Lorsque l’on enchaîne ainsi les fragilités, on débouche sur une force.

J’ai finalement fait le tour. J’ai vécu toutes les premières fois accompagnées de moi. Je me suis même préparée au pire, je suis devenue un ordinateur en vieille. J’ai vécu à fond ma sobriété et maintenant, c’est le temps des festivités. Mon seul désir, terminer cette année, m’amuser et passer à autre chose.

Cette année, j’ai souvent pensé que j’étais bipolaire. En fait, je suis loin de l'être. J’étais seulement en peine d’amour.

mercredi 8 décembre 2021

Je ne veux pas penser à toi au passé...



Je ne veux pas penser à toi au passé. Je veux continuer de parler de toi au présent, car malheureusement je ne pourrai pas le faire au futur…

L’être humain est un peu con parfois. Il oublie. Il oublie vite. Il oublie quand le temps passe. Il oublie quand il pense que tout va bien…

Puis il tombe dans le tourbillon de la vie et ne voit plus rien.

Pourtant, le temps défile. Le temps file rapidement. Il me rappelle que le froid s’installera et qu’il sera dans l'indicatif omniprésent.

Je ne veux pas penser à toi au passé. Je veux continuer de parler de toi au présent, car malheureusement je ne pourrai pas le faire au futur…

Je te regarde encore avec mes yeux de petites filles, toi mon héros des héros. Je te regarde toujours de mes yeux bleus pétillants comme si j'avais huit ans. Toi, qui a été le premier homme de ma vie. Toi qui es encore le plus important. Toi qui ne m'a jamais laissé tomber.

Les traitements ont agi sur toi comme un ravage. Tu as perdu beaucoup de poids dans les deux dernières semaines. Tu titubes. Tu oublies certaines choses. Tes yeux manquent de leur éclat passé. Ton visage a changé. 

Je te trouve encore beau.

Quand je te vois, je veux rire. J'ai envie de te faire oublier. Je me force, je me force en crisse pour pas pleurer. Mais cette fois, ça été comme une claque en pleine face. J'ai pas été capable de rire et la seule chose d'intelligente que j'ai trouvé à dire c'est, câlisse. Puis j'ai craqué...

Je ne me rappelle plus la dernière fois que j'ai pleuré comme ça.

Cancer, maudit cancer, tu répètes souvent. Sortant de ta bouche comme une mélodie, limite poésie satirique.  

Un diagnostic, qu’est-ce que c’est ? Des symptômes, de l'incompréhension, une maladie, une limite de temps…

Ça nous plonge dans le moment présent, ça nous ramène directe dedans. C'est plate, mais la maladie ça rassemble, ça unit. Cependant, le temps reste conditionnel.

Il y a la peur. La peur de manquer quelques choses. La peur d’oublier. La peur de ne plus exister. Il y a aussi les questions. Toutes ses questions que nous nous sommes jamais posées. Il y a les questions de vie et les questions de mort, douce oxymore.

Je ne veux pas penser à toi au passé. Je veux continuer de parler de toi au présent, car malheureusement je ne pourrai pas le faire au futur…

Depuis peu, tu dors. Tu dors tout le temps. Ta morphologie a changé. Ton corps à besoin de se reposer. Ton corps exige une pause. Il est fatigué.

Ça fait déjà un petit moment, je n’arrive pas à écrire. Je n’arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens. En réalité, je ne sais pas si je peux encore sentir quelque chose. Maudite protection. J’ai remis mon scaphandre pour plonger dans le plus-que-parfait. Cet endroit où l’être humain est un peu con. J’ai l’air insensible, que rien ne m’affecte, que tout est beau. Je suis consciente que le pire s’en vient, mais je me sauve dans cette figure de style où il fait bon rire ici et maintenant. Là, où la douleur n'existe pas. 

Le temps défile. Le temps file rapidement. Le tourbillon de la vie me rappelle que je dois en profiter pleinement maintenant et ne pas remettre à demain, car des demains, il n'y en aura sûrement pas beaucoup. 

Je ne veux pas penser à toi au passé. Je veux continuer de parler de toi au présent, car malheureusement je ne pourrai pas le faire au futur…

J'étais là. Je suis là. Je suis encore là pi je vais tenir ta main. Puis quand tu auras envie de la lâcher, je serai là pour te bercer.

Passé, présent ou futur, je t'aime papa.

 

dimanche 7 novembre 2021

Mélodie d'automne

 


L’automne c’est des chandelles qui sentent bonnes, des couvertures trop lourdes avec trop d’oreillers. La difficulté à sortir du lit et vouloir y traîner toute la journée. C’est aussi une douche trop chaude suivie d’un kit mou en monochrome de gris. Puis des fois, c’est avoir le cœur qui a froid.

L’automne c’est charnel.

J’ai envie de faire un énorme « bed in » à regarder des films toute la journée. À manger des cochonneries, à boire du vin ou des bulles jusqu’à baise s’en suivre…

C’est tellement intime.

Même si je suis phéromonale, je vais jeter mon dévolu sur ma tisane relaxante. J’ai fait une pause de tout ça.

L’automne c’est une douce nostalgie des souvenirs passés, un présent un peu frisquet et des souliers blancs qui vont rencontrer la sloche dans un futur rapproché. C’est aussi, les jours derniers et ne plus avoir envie de danser ni de chanter. Puis des fois, c’est avoir le cœur qui veut rêver.

L’automne, c’est le temps qui ralentit.

Dehors, l’air est frais, doux, la brise est caressante. Mon lit nuage m’appelle, m’engouffre afin que je me perde dans mes rêveries, dans cette mélancolie douce et apaisante. Un repos bien mérité. Une saison au rythme de Vivaldi.

J’ai envie de frencher, d’être embrassée. D’enlacer, de dévorer l’autre et ne faire qu’un. Je veux quelque chose de vrai et non une chimère.

L’automne c’est l’été qui est passé. C’est présentement l’odeur d’un mijoté et un futur qui sentira la cannelle. C’est aussi le froid et la noirceur qui s’installent. Puis des fois, c’est le cœur qui est triste.

L’automne, c’est mon temps de réflexion.

Le fantasme d’une balade en amoureux qui réchauffe le cœur. Les joues rougies par le froid et le sentiment du moment. Avoir comme vers d’oreille Automne d’Alexandra Streliski, douce émotion passée. Sortir de cette utopie et ressentir l’étroitesse dans la poitrine. C’est aussi penser à tout ça dans un futur rapproché et d’avoir le cœur gros.

Le temps est triste mon amour, le temps est lourd. Tout comme lui, je me liquéfie. C’est la nostalgie. C’est une mélodie selon Vivaldi.

 

samedi 30 octobre 2021

Ma vie en paréidolie.

 

Sur un divan du Ikea, j’ai attendu pendant un moment que l’homme de ma vie vienne s’asseoir à côté de moi. Je regardais autour de moi. Je cherchais les personnes qui ne suivent pas les flèches par terre. Quel bel endroit pour une première date. Si moindrement tu as l’imagination un peu débordante, tu peux facilement te projeter dans une autre vie à travers ton salon rêvé ou la future chambre d’invité.

Entre deux rêveries, j’ai remarqué un défaut de fabrication sur le divan que j’avais choisi. Un cœur.

Après le coup de cœur Renaud-Bray, le coup de cœur Ikea.

Depuis ma convalescence, ma vie se passe dans un paréidolie. Je vois des cœurs partout, partout, des bonhommes sourires et une succession de 11:11. Pi des fois, je me trouve spéciale d’avoir cette chance. Je sais, nous choisissons bien ce que l’on veut voir, mais c’est tellement récurrent… Je ne sais plus si c’est simplement un hasard.

L’hiver dernier, au moment où je pensais que j’étais morte en dedans, mon visage vide, les yeux tristes, les cernes creusées, mes deux pieds chaussés de mes souliers blancs dans sloche… Il y avait au moins ça pour me rappeler que j’étais encore vivante. Du moins, j’aimais penser que j’étais sur le bon chemin. Depuis, ça me suit.

Encore aujourd’hui, les journées où que je plonge dans une zone un peu grise, mon flou artistique comme j’aime l’appeler, je me lève la tête pour trouver un peu de soleil et j’aperçois un nuage en forme de cœur dans le ciel. Ça me donne toujours des papillons dans le ventre, ce genre de petit sentiment de bonheur pour aucune raison. Pi je me dis que je n’ai vraiment pas besoin de personne pour me sentir bien.

Depuis ma convalescence, je vis ma vie dans un paréidolie. Je vois des cœurs partout, partout, des bonhommes sourires et une succession de 11:11. Ça m'a donner le courage d’affronter l’année le chest bombé, de me donner la force de me lever ou plutôt de me relever… Même si certains croient encore que je cache un fond de tristesse ou que j’ai un masque avec un étrange sourire…

Je pourrais continuer à brailler sur l’homme que je considérais comme l’homme de ma vie, sur l’abandon, voir la continuelle succession de trahisons et les vérités non dites ? De continuer à brailler sur la maladie de mon père, d’anticiper sa mort ? Dans ses moments où je broie du noir, je me retourne pour aucune raison et j’aperçois une énumération de bonhommes sourires portant comme message espoir, sourire, amour, danse ou make noize et j’ai subitement envie de chanter, crier, rire aux larmes et d’aimer. Souriez! vous êtes en vie que l’artiste nous rappelle. Et là, je baisse la tête. Équipée de mon sourire niaiseux et je remarque un cœur sur le trottoir. Fallait que je sois là.

Parfois, les gens me disent que je suis folle, que j’invente. Je me sens toujours dans l’obligation de me justifier, photos à l’appui. Ce n’est pas de ma faute si j’ai le cœur dans sauce, sur ma toast ou dans mon café. Ce n’est pas de ma faute si le bonhomme sourire porte le message dont j’ai besoin aujourd’hui entre espoir et amour. Ce n’est pas de ma faute s’il est 11 :11 le 11 novembre. Ce n’est pas de ma faute si je pense à toi à 2 :22, que mon téléphone résonne et que j’ai une décharge électrique des orteils aux cheveux. Depuis toi, je vois tout ça.

Sur un divan du Ikea, pendant que j’attendais que l’homme de ma vie vienne s’asseoir à côté de moi et que je cherchais les personnes qui ne suivent pas les flèches par terre. J’ai remarqué un défaut de fabrication sur le divan que j’avais choisi. Un cœur. Je sais que personne ne viendra s’asseoir à côté de moi, mais derrière mon masque, j’ai quand même les yeux qui sourient. C'est simple, ma vie est magnifique en paréidolie.